mercredi 27 juillet 2011

L'histoire du livre à la campagne

 Nous évoquions il y a quelques semaines les sources iconographiques représentées pour l'historien du livre par les Annonciations: la Vierge est le plus souvent occupée à lire ses Heures lorsque l’ange lui apparaît. Confirmation nous en est encore une fois donnée en visitant la collégiale de Montrésor, un petit chef-lieu de canton de l’arrondissement de Loches protégé par son puissant château fortifié.
La collégiale de style Renaissance est célèbre pour abriter les superbes gisants de la famille des Bastarnay, mais le visiteur y admire aussi une magnifique Annonciation de Philippe de Champaigne (†1674), tableau bien mis en valeur grâce à une récente restauration.
Les Heures sont bien là, mais elles restent très discrètes, et c’est surtout la lumière, la somptuosité des couleurs et l’élégance de la présentation de cette manière de scène d’intérieur qui frappent le spectateur.
Le mobilier se borne à un très beau vase avec son bouquet, et au lutrin devant lequel la lectrice agenouillée est surprise, plongée dans sa méditation. 
On remarque aussi la cheminée où le feu achève de se consumer et où le chat familier a cherché place pour se réchauffer -une découverte dont nous sommes redevables à la restauration.
Dans cette région très rurale de la Touraine du sud, où la densité de peuplement ne dépasse généralement pas 20 hab./km2, l’écrit, plus encore le livre et l’imprimé ne sont guère présents qu'à la ville (Loches), dans les grande maisons religieuses (Le Liget, Villeloin) et dans les localités de résidence ou châteaux de familles nobles dont Montrésor (moins de 500 habitants) constitue un excellent exemple.
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3 commentaires:

  1. Très interessant le discours sur les Annonciations qui lisent.J'ai trouvé quelque chose de semblable dans certains tableaux de Lotto. Puisque je suis curieuse, je m'étais meme proposée de mieux fouiller là-dessus (peut-etre quand les jours auront 48 heures et je serai dans ma 4eme vie...) Livia Castelli
    P.S.: très belle la cheminée qui sent l'odeur de la fumée du bois, de l'automne et le petit chat frileux... Le tissu de la robe de l'ange est étincelant! Merci de nous avoir montré cette beauté.

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  2. Livre mis à part, j'aime beaucoup la main de l'ange qui tient le lis de la chasteté, petit doigt en l'air (très marquise-vous-prendrez-bien-une-tasse), et plus encore la façon dont le bouquet de fleurs fait un écho coloré à la fois au lis et au rayon doré qui matérialise l'esprit fécondant (lequel, comme il se doit, pénètre par l'oreille).
    Merci pour tous vos billets, c'est un régal.
    Dryocolaptès

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  3. Encore pour les Vierges qui lisent: on peut en trouver une, magnifique, à l'exposition Enluminures du Louvre. A l'arrivée de l'ange, qui étale un magnifique rouleau en écriture divine (à mon avis, elle ne ressemble à aucun alphabet) aussi qu'une robe étincelante, Marie, surpise et peut-etre quelque peu craintive, renverse son petit codex ouvert en direction du spectatateur, qui arrive à decerner des lettres en noir et rouge (grec? hébreu?). Ils se trouvent dans une riche pièce, le lys se dresse parmi eux.
    Le musée presente là le nouveau catalogue de sa collection d'enluminures. Celle qui nous interesse est d'origine toscane et remonte au XIV siècle (n. 17 du catalogue).
    Livia Castelli

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